mardi 24 novembre 2015

                                                                                     Le Baiser (détail)

Bien-sûr qu'il n'y rien de mal à s'embrasser; et pourtant cette banalité intemporelle fait se retourner la sorcière. Dans ce jeu de miroirs, plus personne ne se voient.


L'usine délocalisée 110cm par 65cm


Pierre qui roule 95cm par 60cm

La tour de Babel (ou le 11 septembre) 120cm par 80cm

mardi 19 mai 2015



ôOOOH  Georges tu peignais à la bougie pour donner aux êtres cette douce chaleur enveloppante. Tu permets que je t'appelle Georges? On se connait bien. On dit que tu as peint le premier vrai bébé de l'histoire de la peinture. Qu'en penses-tu? On raconte tellement de choses sur ton compte. Tu as été reconnu par Louis XIII. Mais on prétend ensuite qu'on t'a oublié pendant un siècle ou deux. On te confondait avec d'autres De La Tour. Comment avons-nous pu te confondre?!!
Et cet enfant va t'on, vas-tu  le reconnaitre? Il était emmailloté comme un papillon dans sa chrysalide. Tu vois, Georges, je suis un gamin pour toi. 2015, t'imagine!! Mais comment te dire que tu parles à mon cœur aussi bien qu'un Picasso qui tarde à être sincèrement et profondément reconnu du grand public.
 Ah ouiii c'est quoi le Grand Public?! Ben c'est le contraire du petit public : l'élite. Ces intellos qui s'ingénient à ne pas vouloir être aimé par le plouc qui nous sommes tous au fond.. Tiens, je vais te faire un aveu, je veux peindre pour les bouseux, ceux qui ne pensent qu'à une chose : bosser pour se nourrir. Pont barre. Pourtant ce type rêve en secret d'une autre vie pour son gamin. Son enfant, son marmot quoi. J'ai envie de dire : regardez comment on regarde son enfant et je dirai ce que tu attends de la vie.
Quel visage lui donner? On s'en fous, on s'en bat l'œil car il aura le visage de celui qui va le regarder, de celui qui va bien vouloir  l'aimer. C'est pourtant simple ça!
Alors Georges, sérieux, dis moi ce que tu penses de mes marionnettes. C'est un peu la même femme sur mon contre-plaqué. Allez, on tire le voile de la pudeur et on libère nos gosses!

vendredi 3 avril 2015

mémé

"mémé" 2014 (200cm par 125)




Plusieurs années après sa mort, j'ai eu besoin de peindre ma grand-mère paternel pour la raconter. La cuisine était banale. Elle termina sa vie dans un appartement propre sans lien avec la ferme où se déroula sa vie. c'est dans cette pièce sans âme que mémé me raconta son histoire. Une histoire banale certainement comme des millions de vies. Mais une histoire qui marque et qui marqua mes cousins et cousines que je retrouvais à Bodéa. Notre grand-mère donna son cœur pour nous. Et si les mots me manquent pour lui rendre hommage, voici l'image pour le dire.
Cette toile est peinte en recto-verso car une vie n'a pas qu'une face!


détail


 
S'asseoir un instant pour se demander ce qu'on regarde, et pourquoi?

Mise au régime ce matin. Pas de consommation de couleurs mais une diète salvatrice .Les harmonies chromatiques  m'épuisent, alors que le crayon papier, lui, me repose.

 La mine grise en guise de présentation, comme  premier contact; j'avance vers ma feuille blanche avec  cet outil austère qui s'efface et me rassure. La quête du chemin graphique se fit la gomme à la main. Rien à faire, les enfants se précipitent toujours  sur le cube qui corrige leurs "erreurs", la gomme   nous empêchent d'avancer par le truchement d'un détournement de lignes. Il me faudrait avoir le courage de l'encre pour assumer mes écarts de conduite. Mais je veux estomper avec mes doigts. Je veux diluer ma mine avec de l'essence. Je veux que ma gomme mie de pain cherche la lumière. C'est cette ombre et cette lumière qui distribuent les rôles pour  raconter leur existence.

Mes personnages se sont assis et me parlent. Ceux de Lucian Freud d'abord qui font écho à la vie de mes proches. Cette capacité d'identification est l'empathie qui brise la solitude. Cette homme assit de face tente de s'adresser à ma grand-mère (vue de coté). Le chien, fidèle compagnon ne voit pas le sein de la femme. S'agit-il d'une Marianne épuisée et triste déçue par les  révolutions ratées?. Les mamelles de la France ont perdu leur éclat et on ne sait même plus pourquoi on voit ce sein." Cacher le moi!" c' est déjà la preuve que quelqu'un l'avait vu. "Viens me voir!"; "regarde par ici". "Regarde moi quand je te parle!" Mais où est l'autre intime au regard bleu? Les yeux se vident quand ils ne se croisent pas. Fixez moi de vos  yeux de cochon, plutôt que de détourner le regard devant l'indiscrète absence. C'est la solitude du clochard. La solitude des vieux, de mamy, de ma grand-mère, de mémé. L'implorant regard d'un chien voit  le miroir brisé. Il m'obligera demain, à jeter un œil par la fenêtre pour venir à la rencontre des absents emportés  dans la grande lumière.

Je la trouvais là, assise sur deux annuaires face à une chaise vide, une table blanche en formica. Je n'eût à peine besoin de lui dire :
-ne bouge plus mémé! je vais te croquer..
que déjà son corps était immobile. Sans joie, ni tristesse. Elle regardait les dessins de la fenêtre sur le mur. Son homme était mort. Elle ne pleurait pas. Ne riait pas. Elle semblait retenue à plaisir par son passé. Après mon crayonnage, je me suis assis sur la chaise libre, une amie était là aussi pour saisir l'instant. Régulièrement, je venais parler à ma grand-mère, lui poser mille et une question pour la retenir, la comprendre, connaitre son récit, son amour pour mon grand-père.

 Je comprends maintenant que tant qu'une histoire se raconte, la mort est repoussée.





vendredi 27 mars 2015

Bonjour,
 
Je me présente à vous :  Olivier Nocet.
 J'adore peindre et manger du fromage (et du chocolat) avec une bonne baguette fraîche. Je refuse les clichés dont celui de l'artiste austère qui s'habille tout en noir. A l'occasion, je porte  une magnifique chemise rose vif qui, n'étant  plus propre, n'était pas sur mes larges épaule le jour de la photo.
J'aime sourire; surtout face aux problèmes. Donc je souris beaucoup! Il y a partout des cauchemars, de la misère, des salauds, des guerres et si on veut s'engager comme artiste autant affronter cette réalité existentielle. Le déni est une injure à la réalité dramaturgique de notre vie terrestre ; un second affront en quelque sorte. Rire et s'amuser représente un idéal profond qui me maintient à une distance raisonnable des atrocités inimaginables qui se déroule autour de nous.

                                "la corne d'abondance"
 
 
Au point de départ, il y eut la montre molle de Dali. Non par admiration mais par incompréhension: que signifie cette montre fondue? La relativité d'Einstein ou un délire pour dérouter le bourgeois?! Qu'importe ce qu'à voulu dire Dali. Ce qui importe, c'est ce qu'on interprète ce que le regardant perçoit. Moi, j'ai vu dans cette montre molle, le temps qui passe et l'accumulation des évènements de ma vie. J'y ai vu un exutoire possible. Cette montre qui se tord sous l'effet de la chaleur est devenue mon ventre, mais aussi une pluie d'étoiles ; mais également des artères vitales, des rêves et des cauchemars. Toute notre vie est faite d'accumulations incompréhensibles. Dans une même journée, nous allons voir un drame aux info avec des images floutées pour nous cacher les cadavres qu'on va recomposer en mémoire. La minute suivante : un câlin et un regard tendre, puis une dispute pour une poubelle pleine. Une crampe d'estomac. Le souvenir du Pont des Arts. La durit du liquide de refroidissement de mon vieux J5 qui n'est pas passé aux contrôle technique. Et de l'anniversaire de ma mère qui va râler après ses Camélias blancs jaunis malgré le soin qu'elle leur apporte .Je vais lui offrir des tulipes en lui rappelant de ne pas mettre trop d'eau dans le vase. Ne laissez pas les tiges immergées!!Je dois penser à tout.
 
Allez, un autre aveu : de Dali à Magritte, avec l'âge, je préfère la pipe à la montre. Alors la question est  la suivante : dans "La corne d'abondance" y a t'il une pipe?
 
 
 

lundi 16 mars 2015

coupe-faim



Ceci n'est pas une pomme.



J'aurais voulu vous dire que c'était un hommage à Cézanne, voire à Magritte. Mais... pas du tout!!

Les histoires ne se déroulent jamais comme prévues. Mon panier de fruits était pourtant bien posé au bout de la table en bois de mémé. La lumière était indiscutablement belle. Seulement voilà, la maison était vide, désespérément vide. Vide de rire, de cris, d'enfant; vide de disputes conjugales .Vide de son écho Et quand le silence s'installe malgré toute ma bonne volonté d'artiste, il me vient une envie irrésistible, une envie irrépressible de chocolat .Sauf qu'il ne faut pas craquer! Ne pas plonger sur les tablettes d'aluminium.  Il faut résister à la tentation. Tenir bon, afin d'éviter au pèse-personne d'exploser sous mon poids, à la seule  vue du nombre à trois chiffres.

Ces trois dessins, c'est donc  la tentation qui ronge! Mon coupe-faim infernal. C'est la triste condition humaine . Oui, vous pourrez dire si vous voulez que c'est la pomme d'Adam et Eve. Bah! Mais la réalité, la vraie ; c'est que c'est trois dessins, ce sont les trois barres noires de Lindt que j'ai mangé juste après, quand je me suis retrouvé avec un trognon jauni entre les mains. Finie la nature morte de Cézanne.. Disparue la pomme  impressionniste. Pour me consoler, il ne me restait plus qu'à ressortir la tablette.

Par conséquent, je vous le dis :

 Ceci est un gros carré de chocolat!.


dimanche 15 mars 2015

  1. "tranche de vie" (160 par 140cm)
  2. détail "tranche de vie"
  3.  "la main tendue" (50 par 65cm)
  4. détail "le va nu pied bleu" (165 par 140cm)
  5. détail 2 "le va nu pied bleu"






la vie est une succession d'étapes où se croisent des visages qui changent d'image.

L'accumulation de souvenirs réels ou imaginaires est l'édifice d'une vie.

Je suis Ousmane. Je suis ce visage adolescent. Je suis ce vieux. Je suis Murillo. Je suis ce vagabond. Je suis ces rencontres oubliées. Je suis...








l'identification est mystérieuse et se cache dans diverses toiles.




"le "pouilleux" de Murillo

 

mardi 10 mars 2015

Les trois perruches


 
 
 


Les trois perruches.
 
 
 
 
"Les Hommes sont comme des îles ; reliés par la terre et séparés par l'eau".
 
 
La solitude est la clé de cette peinture.
c'est l'histoire d'un refus, d'un refuge.
d'un homme vivant seul.
L'écoute des oiseaux pour rompre le silence.
D'un cage pour contenir, retenir l'envol.
La compagnie de trois perruches pour combler le vide.
L'absence. L'absente.
Parler aux volatiles pour s'écouter penser.
Entre les barreaux d'une prison,
l'homme se prit pour une,
puis deux,
puis trois
perruches.
 
 
 
 
 
 

mardi 17 février 2015

Le triangle jaune



"Le triangle jaune"  (150cm par 100) est une toile décisive, voire la toile décisive pour la suite de mon aventure picturale. Elle date de 1999 suite à mon passage sur le Pont des Arts où j'ai découvert Ousmane Sow, le sculpteur sénégalais qui m'a remis en selle après mes études aux Beaux-Arts de Rennes. Je sortais d'un enseignement influencé par l'académisme du moment : l'Art Conceptuel. Un mode d'approche esthétique où le discours prime sur l'émotion ; où le savoir-faire était rangé au placard de l'archaïsme. Pire, certains critiques, dits éclairés, affirmaient sans sourire que l'Art pictural était mort! Le figuratif, une pitoyable  régression dans notre évolution. L'émotion, un sucre d'orge pour les enfants.
Ousmane Sow ne me contredira pas si j'affirme qu'il use ,sans en abuser, du facteur émotif pour nous raconter une terrible  histoire. Et qu'il eut besoin d'une grande maîtrise technique pour donner corps à son œuvre. Ensuite, je me suis reconnu dans ses géants  offerts au public. Ils m'appartiennent parce-qu'ils  racontent un peu de nous-même en nous renvoyant à notre fâcheuse condition humaine. En réalisant "la bataille de little Big Horn", Ousmane confronte les faibles aux puissants. En effet, il existe partout des individus à l'image de ces Indiens d'Amérique qui luttent contre l'asservissement. Les sculptures d'Ousmane Sow avaient pour objectif de nous faire réagir. C'est en reprenant mon pinceau que je me suis remis debout en hommage à ceux qui se sont battus pour la liberté et la dignité. Tout au long de la réalisation de cette toile, j'ai cherché l'issue, la solution, l'équilibre salutaire dans ma peinture. Je l'ai trouvé en plaçant ce petit triangle jaune à gauche. Sans ce triangle, l'image aurait pu se poursuivre comme une bande dessinée. J'ai voulu arrêter le massacre; comme une quête du graal inscrit dans cette petite pyramide de lumière.

L'équilibre  dépend de ce triangle jaune. C'est ma résilience.


 J'ai réagi et j'ai peint cette toile à tempera .La couleur orange et le bleu est  incrusté dans la fibre du tissus. L'encre de chine fait le contour des silhouettes. Peinture maigre et corps fort. Ce personnage fut repris dans une autre peinture (ci-dessous).
 Je fais des jeux de piste. Des répétitions sans fin car notre Histoire se répète, alors moi aussi.